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La crise sécuritaire et sociopolitique au Niger aggrave la situation alimentaire des ménages

26/01/24

 

Plus de 700 000 personnes ont été déplacées de force dans le pays et on estime que d'ici 2024, 4,5 millions de personnes auront besoin d'une aide humanitaire pour survivre.

  • Les activités des acteurs armés ont des répercussions significatives sur les moyens de subsistance des populations, les échanges commerciaux et les opportunités de revenus. 

  • Les sanctions économiques, financières et commerciales imposées par la CEDEAO à la suite du coup d'État du 26 juillet 2023 contribuent largement à la détérioration de la situation alimentaire des ménages au Niger.

Le Niger est confronté à des crises multiples et interconnectées par l’insécurité alimentaire chronique, les conflits, les inondations, les impacts du changement climatique, la pauvreté structurelle et la faiblesse des services sociaux de base. Les conséquences des sanctions récentes s'ajoutent à ces défis, entraînant le déplacement forcé de plus de 700 000 personnes à l'intérieur du pays. On estime qu'en 2024, 4,5 millions de personnes auront besoin d'une assistance humanitaire.

Crise sécuritaire et sociopolitique  

Dans les régions de l'extrême Est, à Diffa ; de l'extrême Ouest, à Tahoua et Tillabéry ; et du centre Sud à Maradi, au moins 20 % des ménages, principalement constitués de personnes défavorisées, font face à des déficits alimentaires résultant des effets des chocs sécuritaires amplifiés par les incidences de la situation sociopolitique. En conséquence, ces régions maintiennent le niveau le plus élevé d'insécurité alimentaire dans le pays.

La crise sécuritaire persiste et continue d'accentuer les déplacements internes des populations. La majorité des personnes déplacées se trouvent dans les régions de Tillabéry, Tahoua, Diffa et Maradi, où les incidents sécuritaires perpétrés par les acteurs armés sont en augmentation. En plus de provoquer ces déplacements, les activités des acteurs armés ont un impact significatif sur les moyens de subsistance des populations, les échanges commerciaux et les opportunités de revenus.

De plus, les interventions des acteurs humanitaires sont encore limitées en raison de l'intensification des opérations militaires visant à lutter contre les activités criminelles perpétrées par certains groupes.

Aussi, la situation sociopolitique contribue largement à la détérioration de la situation alimentaire des ménages, conséquence directe de l'imposition des sanctions économiques, financières et commerciales par la CEDEAO à la suite du coup d'État du 26 juillet 2023. Bien que les produits de consommation soient présents sur les marchés, leur disponibilité est notablement inférieure à la moyenne quinquennale en raison des multiples restrictions sur les flux internes et transfrontaliers, résultant de l'insécurité et des mesures restrictives imposées par la CEDEAO.

La demande sur les marchés pour la reconstitution des stocks est très élevée, notamment de la part des éleveurs, des ménages en déficit de production agricole et des institutions. Cependant, les perturbations sur le marché entraînent des hausses de prix variant entre 25 et 40 % par rapport à la moyenne quinquennale pour toutes les céréales, y compris les produits locaux tels que le mil et le sorgho.

La situation agricole et disponibilité céréalière 

La production céréalière, y compris le mil, le sorgho, le maïs, le riz et le fonio, a chuté de 13 % par rapport à 2022 et de 2 % par rapport à la moyenne de 2018-2022. Les zones touchées par la crise sécuritaire voient leur accès aux terres agricoles limité, et les récoltes sont parfois confisquées. Les sanctions et les restrictions de déplacement ont également un impact négatif sur l'agriculture, les petits exploitants étant contraints d'abandonner leurs champs.

Dans toutes les régions touchées par la crise sécuritaire, l'accès aux terres agricoles est fortement compromis, et les récoltes sont parfois confisquées. C'est particulièrement préoccupant à Diffa, où les îles du Lac Tchad, qui étaient autrefois une zone très productive, sont désormais inaccessibles en raison de la présence de groupes armés. Les agriculteurs et pêcheurs qui dépendaient de l'accès aux rives de la Komadougou pour assurer leurs moyens de subsistance ne peuvent plus s'y rendre, car ils se retrouvent pris entre deux feux : d'une part, celui des Groupes Armés Non Étatiques (GANE), et d'autre part, le risque d'être suspecté de collusion avec les terroristes.

Un autre aspect à considérer est l'usage très répandu des motocyclettes à deux roues. Jusqu'à récemment, celles-ci représentaient le principal moyen de transport reliant certaines petites villes et marchés. Dans les zones d'insécurité, les autorités ont interdit la circulation de ces engins. Cette interdiction a considérablement restreint les capacités économiques des exploitants agricoles qui ne peuvent plus accéder à leurs champs.

La multiplication des attaques des Groupes Armés Non Étatiques (GANE) a contraint la communauté agricole à abandonner complètement ses activités pour se réfugier dans les centres urbains. Les petits exploitants sont également confrontés à des restrictions concernant le ravitaillement en carburant pour faire fonctionner leurs motopompes. Avec le temps, ils ont vu leur capacité de production agricole diminuer, voire être anéantie dans certaines localités, en raison de la difficulté à se déplacer loin des villages.

Les échanges économiques subissent également une forte perturbation en raison de la fermeture des marchés ruraux. Cette mesure a des répercussions négatives sur les activités économiques, affectant les réseaux d'approvisionnement en produits de première nécessité. Cela entraîne une diminution de la production locale, contribuant au déficit alimentaire en raison du banditisme armé, des enlèvements, des demandes de rançon et d'autres incidents sécuritaires fréquemment signalés.

L'insécurité alimentaire est intrinsèquement liée aux conflits. De nombreuses enquêtes ont souligné que l'adhésion des jeunes aux Groupes Armés Non-Étatiques (GANE) s'expliquerait en grande partie par la précarité ambiante et surtout par l'absence de perspectives. 

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