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Histoires

M´bera accueille le Mali

 

Il y a en Mauritanie un endroit où la peur et la faim se donnent rendez-vous.

Son nom est M´bera, il se trouve à l’est du pays. L’an dernier, soixante mille Maliens – enfants, femmes et hommes – y sont arrivés après avoir fui la violence, ainsi que la sécheresse. Ces derniers jours, plus de 4 000 personnes ont franchi cette frontière, située au milieu du semi-désert du Sahel. « Les deux jours qui ont suivi la dernière intervention militaire, ils sont arrivés par groupes de six cents, puis ils étaient presque mille par jour. À leur arrivée, ils sont désorientés. Il y a beaucoup de femmes et d’enfants. Beaucoup ne peuvent pas s’arrêter de pleurer » raconte Omar Harouna, responsable de la base d’Action contre la Faim qui coordonne le soutien que l’organisation prête à 3.172 réfugiés.

Omar demande aux nouveaux arrivants et nouveaux habitants de lui raconter ce qui les a fait fuir exactement. Tous répondent pareil : « J’ai fui il y a un an, après la mort de mon mari, quand les rebelles sont entrés dans ma communauté » affirme Fadimetou Walet Ahmedou (26 ans, trois enfants). « J’avais peur que les salafistes attaquent ma ville, c’est pour cela que je l’ai quittée en août », raconte Fatma Mint Jidou (20 ans, un bébé). « C’est la peur des salafistes qui nous a poussés à fuir en abandonnant nos cinquante chameaux et nos vingt chèvres. Je ne sais pas si nous les reverrons un jour » se plaint Fatma Mint Oumar (20 ans) son bébé, un enfant de neuf mois au ventre ballonné, dans les bras. Mariem Mint Salik est arrivée il y a neuf mois de Medina, à 20 kilomètres de Tombouctou et son récit correspond à celui de l’immense majorité des réfugiés de M´bera : « Quand tout va bien, après les distributions du Programme Alimentaire Mondial (PAM), nous mangeons deux fois par jour. Mais nous n’avons souvent droit qu’à un seul repas ».

Le lait et la viande sont les aliments dont l’absence se fait le plus cruellement ressentir. En effet, les rations distribuées par le PAM ne contiennent pas ces denrées, essentielles dans le régime de ces communautés qui vivent du pâturage. Un autre souci vient s’ajouter à celui-ci. Il concerne le lait maternel chez les femmes. « J’ai beaucoup moins de lait qu’avant et j’ai très mal quand j’essaye d’allaiter mon enfant », constate Fatma. De nombreuses femmes du camp témoignent de la même difficulté. La fuite a pratiquement tari le lait de la poitrine des femmes et cela peut avoir, très rapidement, des conséquences désastreuses sur l’alimentation des nourrissons. En effet, ces femmes ont l’habitude de donner le sein à leurs enfants jusqu’à l’âge de deux ans, ce qui renforce notamment leur résistance face aux maladies.

La population hôte a elle aussi besoin d’aide
Jusqu’à présent, les Mauritaniens ont réagi solidairement. Cependant, si la situation ne se stabilise pas au Mali, ces réfugiés risquent de rester pendant des années en Mauritanie. Il faut donc prévoir les conséquences que leur présence aura sur la population locale. « Nombreux sont les réfugiés qui sont venus avec leurs animaux, et cela va augmenter la pression sur les pâturages disponibles. En outre, les bergers mauritaniens avaient l’habitude, à certaines périodes de l’année, de se rendre dans le pays voisin pour faire paître leurs troupeaux. Cette pratique est actuellement impossible en raison de la fermeture de la frontière. Il n’y aurait donc rien d’étonnant à ce que surgissent bientôt des tensions entre les réfugiés et la population autochtone », raisonne Nicolas Méron, directeur Pays d’Action contre la Faim en Mauritanie. « Ce serait une erreur de concentrer toute l’aide sur les réfugiés sans s’occuper de la population locale. » 

Un projet contre la faim et le découragement
Mais, outre la peur et la pénurie d’aliments, un autre danger plane, invisible, sur tout le camp : le désœuvrement. « Beaucoup d’hommes passent la journée à regarder la rue depuis l’entrée de leur tente ou de leur hangar » raconte Omar. On imagine facilement l’impact psychologique de cette inactivité sur un terrain émotionnel déjà fragilisé. Voilà pourquoi l’un de nos principaux besoins est de donner aux réfugiés la capacité de s’occuper, d’avoir un emploi, d´étudier ou d´apprendre un nouveau métier, pour améliorer leurs conditions de vie » ajoute Nicolas Méron.

Action contre la Faim va lancer des activités génératrices de revenus, des activités commerciales, individuelles et collectives, principalement.). Les réfugiés pourront obtenir des revenus pour acheter du lait, de la viande et les articles qu’ils jugeront prioritaires tout en se formant et en employant leur temps à des activités utiles. En parallèle, le projet prévoit de renforcer la résilience de plus de 2 000 femmes, notamment des femmes enceintes ou/et allaitantes. Ces projets seront appliqués à travers des remises d’argent effectuées aux intéressées après qu’elles aient assisté à des séances de formation et de sensibilisation aux bonnes pratiques en matière de nutrition et d’hygiène.

Il s’agit donc, en définitive, de réaliser des projets qui ne se contentent pas d’apporter des réponses exclusivement axées sur l’assistanat et sur le court terme, mais qui aideront à valoriser les qualités et la dignité de personnes comme Fadimetou, Fatma ou Mariem, à revitaliser leurs compétences et leur envie de vivre. Des capacités et un attachement à la vie qui sont difficiles à imaginer pour des personnes loin de M’bera. 

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