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Niger : 2,3 millions de personnes en crise alimentaire et une aide qui ne peut pas arriver

26/12/23

Apsatou Bagaya pour Action contre la Faim 

Des ONG internationales, dont Action contre la Faim, alertent sur la crise humanitaire au pays et exigent une action immédiate

Avec Gaza comme priorité, nous ne pouvons pas oublier d'autres urgences comme le Soudan et les pays du Sahel. Le Niger est confronté à des crises multiples et interconnectées à l’insécurité alimentaire chronique, aux inondations, aux impacts du changement climatique, à la pauvreté structurelle et à la faiblesse des services sociaux de base. La détérioration du contexte sécuritaire dans les régions de Tillabéry, Diffa, Tahoua et Maradi, les mouvements transfrontaliers ont mis plus de 700 000 personnes en situation de déplacement forcé à l’intérieur du pays. A ceux-ci se sont récemment ajoutées les conséquences des sanctions imposées au pays à la suite du coup d’État du 26 juillet 2023.

Les résultats des travaux du Cadre harmonisé de novembre 2023 indiquent des niveaux élevés d'insécurité alimentaire, avec actuellement 2,3 millions de personnes en crise alimentaire. Cela représente plus du double de personnes affectées qu’à pareille époque en 2022. La moitié sont des enfants. En seulement 3 mois (entre août et octobre 2023), plus de 258 000 enfants souffrant de malnutrition aiguë ont été admis dans les services de santé, dont plus de 111 000 cas graves.

Des ONG internationales, dont Action contre la Faim, alertent que la crise humanitaire au Niger pourrait s'aggraver d'ici 2024 si des mesures concrètes ne sont pas prises rapidement. On estime qu’en 2024, 4,5 millions de personnes seront en besoin d’assistance humanitaire. La situation risque de s'aggraver encore au cours de la période de soudure 2024, avec potentiellement 3,2millions de personnes qui ne pourront pas satisfaire leurs besoins alimentaires et nutritionnels (elles étaient au nombre de 2,9 millions en 2023).

La situation est alarmante, mais l'aide ne parvient pas à passer. Depuis le 26 juillet dernier, la suspension des relations commerciales et financières imposées par la CEDEAO est maintenue, ainsi que la décision des autorités nigériennes de fermer les frontières avec le Bénin et le Nigeria, ce qui a entraîné le blocage des approvisionnements en médicaments, vaccins et produits de première nécessité. Cette situation cause une rupture de stock de médicaments, réduit l’accès aux soins et services de santé des populations vulnérables avec un risque d’augmentation de la morbidité et de la mortalité surtout dans les zones à accès limité en raison des conditions de sécurité.

La décision de certains  bailleurs de fonds de suspendre l'aide au développement aura également un impact significatif sur l'accès aux services sociaux de base. Près de 65 % de la population ciblée par le Plan de réponse humanitaire (HRP) 2023 ne reçoivent pas d'aide vitale en raison de contraintes persistantes. Des millions de personnes pourraient être privées d'assistance en raison du manque de financement et des restrictions d'accès à l'aide humanitaire.

Action contre la Faim, en collaboration avec d'autres organisations internationales, appelle à une action immédiate pour empêcher une nouvelle érosion de la protection des populations et des communautés vulnérables. Voici quelques-unes des recommandations formulées :

  • Faciliter et garantir l’acheminement de l’aide par voie terrestre et aérienne, afin de soutenir les activités répondant aux besoins fondamentaux des populations vulnérables au Niger. Cela se concrétise par l’ouverture de la frontière terrestre du Niger avec le Nigeria et le Benin pour le passage de l’aide humanitaire.
  • Faciliter l’accès des travailleurs humanitaires partout où besoin est, particulièrement dans les zones difficiles d’accès.
  • Nous réitérons notre appel à la CEDEAO et ses États membres d'introduire formellement des exemptions humanitaires dans le régime de sanctions contre le Niger.
  • Il est impératif que les bailleurs de fonds ayant suspendu ou réduit leurs appuis financiers revoient leur décision pour permettre aux acteurs d’intervention auprès des populations vulnérables de répondre à minima aux besoins exprimés dans le plan de réponse humanitaire.

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