Nouvelle édition de "Research for Nutrition", le point de rencontre des principaux experts de la malnutrition infantile

La pertinence de rencontres comme celle-ci est d'autant plus grande que le nombre croissant de crises, la demande d'assistance et l'augmentation du nombre de personnes dans le besoin nécessitent non seulement davantage d'aide humanitaire, mais aussi de nouvelles approches et de nouveaux développements visant à atteindre une plus grande efficacité, une meilleure couverture et une plus grande capacité de transformation. D'autre part, la persistance de la malnutrition aiguë et son impact sur la mortalité infantile appellent également de nouvelles solutions et méthodes de travail pour accélérer les efforts de prévention, de détection précoce et de traitement afin de lutter plus efficacement contre l'émaciation des enfants.

 L'innovation et la recherche constituent donc une valeur différentielle dans la recherche de l'efficacité et de la simplification de nos interventions humanitaires afin de les rendre plus durables et évolutives. La recherche opérationnelle est un processus continu de génération et d'évolution de nos connaissances et constitue un élément clé du travail d'Action contre la Faim, pour comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans notre travail. 

LES CRISES CLIMATIQUES, LES CHANGEMENTS SOCIOPOLITIQUES ET LES INÉGALITÉS EN MATIÈRE DE SÉCURITÉ NUTRITIONNELLE FONT L'OBJET D'UN DÉBAT.

A cette occasion, #R4NUT s'est concentré sur l'analyse de l'impact des crises climatiques, des changements socio-politiques et des inégalités socio-économiques sur la sécurité nutritionnelle. Pendant deux jours, les près de 200 participants ont eu l'occasion d'écouter et de partager les expériences de professionnels des différents sites d'ACF, ainsi que du Brésil, de l'Éthiopie, du Kenya, de Madagascar, du Mali, du Niger, du Sénégal, de la Sierra Leone, du Soudan du Sud et du Vietnam. Des organisations telles que Concern Worldwide, Médecins du Monde, Save the Children, l'Agence nationale de santé publique américaine (CDC), l'OCDE, l'OMS et l'Unicef, ainsi que des universités telles qu'Adélaïde, Tufs, Paris Cité Inserm et Kinshasa, ont partagé leurs connaissances et généré un dialogue constant avec le public au sujet de leurs résultats et expériences.

ACF Espagne a participé au panel sur les nouvelles technologies pour la nutrition, avec une présentation des dernières avancées et développements autour de l'application SAM Photo Diagnosis, par Laura Medialdea, investigatrice principale du programme. Cette méthode révolutionnaire d'identification de la malnutrition aiguë sévère (MAS) est dans la phase de validation et d'adaptation de l'algorithme avec des études actives au Sénégal et au Guatemala, et sur le point de commencer en Inde. 

En outre, d'autres recherches auxquelles ACF Espagne a participé ou qu'elle a soutenues ont été présentées lors de l'événement, comme l'étude sur l'analyse des coûts de la MAS avec complications chez les patients âgés de 6 à 59 mois hospitalisés dans des centres de santé au Sénégal ; le projet de diagnostic numérique intégré AleDia (Alliance for e-diagnosis) et l'étude de cohorte prospective multi-pays sur les facteurs de risque de rechute chez les enfants guéris de la MAS.

PREMIER JOUR

Les sessions de la première journée se sont concentrées sur l'impact du changement climatique et des inégalités sur la malnutrition, ainsi que sur le partage des résultats des différents types de traitement de la MAS et sur le renforcement des approches communautaires.
Antonio Vargas, responsable du département Nutrition et Santé d'ACF Espagne, a déclaré à propos de la conférence que "l'opportunité de partager des informations et des connaissances entre les personnes impliquées dans la lutte contre la malnutrition est plus que nécessaire". Plus précisément, lors de la première journée, Mme Vargas souligne la présentation par l'équipe d'ACF Sud Soudan de l'étude Effectiveness of gender-based violence risk mitigation interventions in nutrition services et précise que "cette étude se concentre sur l'impact de la violence basée sur le genre dans les programmes de nutrition. L'une des réflexions de ce travail est la nécessité de toujours prendre en compte le risque auquel nous exposons les participants au programme avec certaines interventions. Ce risque doit être réduit et atténué lors de l'identification et de la formulation des actions/solutions du projet. Pour ce faire, il est essentiel de concevoir le projet en fonction des besoins et des évaluations des personnes concernées, de toujours essayer de rapprocher le service afin de réduire les déplacements et de disposer d'une équipe chargée d'expliquer les actions au sein de la communauté et de sensibiliser au problème".
Amador Gómez, directeur de la recherche et de l'innovation d'ACF Espagne, a souligné la présentation des recommandations communautaires dans les rapports LINK-NCA, méthodologie sur l'analyse causale de la malnutrition, par ACF France, dans laquelle il a été exposé comment la mise à l'échelle de la méthodologie Link-NCA est traduite en une base de données dynamique pour approfondir les causes de la malnutrition dans différents contextes et les mécanismes qui conduisent aux différents types de malnutrition infantile (aiguë, chronique, anémie...). Toujours lors de cette première journée, M. Gómez souligne les conclusions de la présentation Analyse des coûts du traitement hospitalier de la MAS avec complications dans le nord du Sénégal. Selon M. Gómez, "le coût élevé du traitement des cas de malnutrition aiguë avec complications nécessite des progrès dans trois directions : 1) la simplification des protocoles de traitement pour les rendre plus courts, plus simples et plus efficaces ; 2) l'importance d'un diagnostic précoce au niveau communautaire et la fourniture de nouveaux outils pour un diagnostic simple, rapide et fiable ; et 3) la nécessité de renforcer les interventions au niveau communautaire, avec des approches de traitement porte-à-porte pour assurer l'accès au traitement de la malnutrition aiguë dès qu'elle est identifiée".

DEUXIÈME JOUR

Le deuxième et dernier jour, les panels se sont concentrés sur la gestion et la prévention de la malnutrition à travers les ressources alimentaires locales, les stratégies multisectorielles pour lutter contre la malnutrition, et le risque de souffrir de maladies métaboliques et non transmissibles associées à la malnutrition infantile, parmi d'autres aspects.

Pilar Charle-Cuéllar, coordinatrice du projet iCCM+ d'ACF Espagne, a souligné la présentation d'Alison Daniel, de l'OMS, sur les lignes directrices de l'OMS pour la prévention et le traitement de la malnutrition aiguë. Mme Charle-Cuéllar commente : "En ce qui concerne cette présentation, j'aimerais partager quelques points : 1) Action contre la faim a contribué, par son travail et ses recherches, à l'élaboration d'une nouvelle recommandation qui inclut le traitement de la malnutrition aiguë par les agents de santé communautaires ; 2) la plateforme présentée montre qu'à partir de maintenant, la révision de la directive sera un processus vivant et actif dans lequel de nouvelles preuves peuvent être apportées en permanence ; 3) il est nécessaire de passer à l'action et que les différentes organisations humanitaires, en collaboration avec les ministères de la santé, mettent en œuvre et adaptent dans chaque contexte les différentes recommandations." 
Toutes les informations sur les présentations et les posters sont disponibles sur le site de la conférence ACF | Recherche et nutrition.