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Histoires

Deplaces dans les centres de sante communautaire d’Yirimadio

 

Yirimadio, le quartier de la capitale malienne plus pauvre et plus peuplé

Dans le centre de santé communautaire d’Yirimadio, en périphérie de Bamako, 5 enfants sont en ce moment hospitalisés 24heure sur 24. Ce quartier de la capitale malienne est à la fois le plus pauvre et le plus peuplé de Bamako (plus de 600 000 habitants). Situé à l’entrée de la ville, c’est ici que beaucoup de personnes déplacées par les crises politiques, économiques ou par le conflit arrivent à Bamako.

C’est ainsi le cas d’Assetou Keita, une jeune maman arrivé vendredi dernier avec son fils de 4 mois Oumar Diakité. Ils arrivent de Ségou dans le centre du Mali. Son mari, agriculteur, est resté sur place pour s’occuper des champs. Mais avec l’impact économique de la crise que connaît le Mali depuis plusieurs mois, auquel s’est ajoutée la grande sécheresse qui a traversé tout le Sahel en 2012 et maintenant les risques sécuritaires liés à l’intervention armée, ils ont décidé qu’il valait mieux qu’elle parte avec leur fils pour trouver refuge à Bamako et trouver un travail qui permettra d’arrondir les fins de mois. « Je ne connais personne à Bamako, je n’y ai pas de famille. Heureusement, un ami d’ami a accepté de me loger le temps que je trouve du travail et que je puisse louer quelque chose » explique Assetou. « Nous étions à bout avec mon mari. Nous avons eu quelques récoltes cette année mais ce n’est pas suffisant pour nous survivre, nous nourrir, et s’habiller » poursuit-elle. « Depuis quelques temps, mon fils refuse de téter. Il est tombé malade. C’est notre unique enfant. Il fallait qu’on fasse quelque chose. Après être arrivée à Bamako, je suis vite allée au centre de santé. C’est là que j’ai appris que mon enfant souffrait de malnutrition. Je ne connaissais pas cette maladie. » Oumar souffre en effet de malnutrition aigüe sévère. Combinée avec des diarrhées, il était en risque de mort rapide, surtout pour un nourrisson aussi petit. Il est donc hospitalisé avec un suivi très rapproché. « Depuis hier, il recommence à pleurer et à crier. Avant il ne bougeait plus et ne s’exprimait plus. On voit que son état commence à s’améliorer »

« Mon souhait ? J’aimerais que mon enfant guérisse d’abord, après je pourrais trouver un travail; idéalement j’aimerais être servante quelque part dans une maison. Une fois que j’aurais gagné suffisamment d’argent, j’aimerais retrouver mon mari à Ségou. Le problème, c’est que maintenant j’ai peur d’y retourner. Je ne sais pas comment la situation va évoluer… »

 

A côté d’elle, Fatoumata Zahara est assise au bord du lit de son fils Salim. Salim a 2 ans et souffre d’un grave Kwashiorkor, cette forme de malnutrition aigue sévère qui se concrétise par la présence d’œdèmes un peu partout sous la peau. Salim a le corps boursoufflé d’œdèmes et sa peau a craqué en plusieurs endroits. Il souffre terriblement dès que quelque chose le touche. L’histoire de Fatoumata est terrible : « Je viens de Gao. Je suis arrivée à Bamako il y a quelques jours » commence-t-elle. « Il y a plusieurs mois lors de la prise de Gao par les groupes armés, mon mari a été tué par une balle perdu. Je me suis peu à peu retrouvé toute seule avec ma mère et mon fils. Nous n’avions plus les moyens de subvenir à nos besoins et la vie était très dure pour une femme à Gao. Il était très compliqué pour moi de sortir dans la rue et je n’avais même pas l’argent nécessaire pour aller au centre de santé de Gao. Nous avions une grande famille avant et on s’entraidait, mais tous sont partis peu à peu. A la fin, je n’avais même plus de quoi faire une petite bouillie de mil pour Salim. Grâce à une amie de ma mère, j’ai pu avoir un billet de bus gratuit pour rejoindre Bamako. Nous en avons parlé avec ma mère : elle était trop vieille pour faire le voyage avec nous. Elle est donc restée là-bas toute seule. Je suis très inquiète » poursuit Fatoumata.

« Je suis donc partie avec Salim, qui était déjà très très malade : il n’arrivait même plus à ouvrir les yeux tellement ils étaient gonflés. Au moment où nous partions, nous avons entendu les avions des premiers bombardements dans le ciel. Sur la route entre Gao et Mopti (centre du Mali), notre bus a été attaqué très violemment par des rebelles. Tous les passagers ont du quitter le bus et les attaquants sont partis avec. Je me suis retrouvée à nouveau toute seule au milieu de nulle part avec mon fils malade. J’ai complètement paniqué.

J’ai fait du stop pour poursuivre ma route. Heureusement un homme très gentil, en voyant l’état de mon enfant a accepté de me prendre dans sa voiture. Lui aussi fuyait le Nord. Il devait normalement s’arrêter à Mopti, mais voyant l’état de mon enfant, il nous a conduit jusqu’à Bamako.

« Mon enfant m’a sauvé ce jour-là : sans lui personne n’aurait accepté de me prendre en voiture. Maintenant je dois le sauver à mon tour. A peine arrivé chez un cousin à Bamako, je suis allée  en pleurs encore au centre de santé. Je suis vraiment blessé dans mon cœur par tout ce qui est arrivé.

Salim est hospitalisé depuis vendredi ; ces œdèmes commencent maintenant à dégonfler peu à peu, mais il souffre encore beaucoup. Je n’ai pas encore eu trop le temps de réfléchir à ce que j’allais faire après. Mon cousin n’a pas les moyens de nous entretenir. Je suis prête à faire n’importe quel travail. Je resterai à Bamako le temps qu’il faudra. Jusqu’il ce qu’il y ait la paix au Nord. »

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